Celui qui n’avait pas de nom

Avec BelleDeJour, tu découvres que malgré tes années de maternité, malgré les grossesses, l’allaitement, malgré les nuits blanches, les couches, les biberons et la poussette, tu peux encore plaire. Et tu plais même beaucoup.

Mais le problème est là, tu as l’impression que tout cela n’est que virtuel. Que c’est Elle qui plait, ce personnage, que tu as créé, et pas toi. Malgré l’excitation des mots que tu lis et des messages que tu reçois, tout cela manque de concret, de sensations, de regards qui se croisent, de cœur qui cogne et de sang qui pulse. L’envie de passer au réel est de plus en plus prégnante et tu es mûre pour passer le cap…

Tu passes de temps à autre sur le forum « libertinage » et les souvenirs te reviennent, de tes escapades en club avec ton premier amant. Tu te rappelles à quel point tu t’étais sentie désirée, sous les regards de ces hommes. Combien leurs érections tendues vers ton corps t’avaient prouvé le désir que tu leur inspirais alors. Et rien que d’y repenser tu en as des vagues de chaleur qui remontent dans ton bassin, rien que de l’évoquer ton esprit est déjà loin. Tu en meurs d’envie.

Alors te vient une idée qui deviendra ton obsession: y retourner, mais cette fois-ci, toute seule. Juste toi, un moment de détente pure, comme pour te prouver que tu peux le faire. Tu organises cette sortie des semaines en amont, tel le malfrat organise son prochain braquage. Tu mets dans la confidence ta meilleure amie, qui sera ton alibi, et qui est aussi excitée que toi à la perspective de ce que tu t’apprêtes à faire. Tu es donc sensée la retrouver sur Paris pour l’après-midi; et en effet tu la retrouveras le temps d’un café et de faire un selfie pour preuve de cette rencontre.

Tu la quittes totalement fébrile, le cœur battant à tout rompre, le pas mal assuré. Plusieurs fois tu envisages de faire demi tour et de rentrer chez toi, la peur de ne pas plaire te serre la gorge, et si tu restais seule dans ton coin? Et si quelqu’un te forçait à faire quelque chose dont tu ne veux pas? Et si et si… l’appréhension monte, mais tu es déjà arrivée devant la superbe porte de ce lieu que tu reconnais au premier coup d’œil.

Tu comptes mentalement et tu décides d’entrer à 3. Un, deux… la porte s’ouvre avant même d’arriver à 3, et le patron t’invite à entrer « bienvenue, ne restez pas dehors », coupant court à ton hésitation. La chaleur du lieu t’enveloppe et tu te sens aussitôt à ton aise. Le temps de te changer et de redescendre au bar, tu as déjà croisé quelques personnes au regard complice. Un homme s’assied près de toi, il n’est pas vraiment à ton goût mais sa conversation est agréable. Tu lui souhaite une bonne après-midi et tu le laisses pour rejoindre le jacuzzi, ou tu as repéré un homme qui te plait vraiment. Il y a peu de monde, vous échangez des regards et assez vite il devient évident que l’un comme l’autre vous vous plaisez. Il s’approche de toi, t’interroge des yeux, tu lui souris, sa main t’effleure. Ce contact t’électrise et déjà tu sais que c’est avec lui que tu passeras l’après-midi.

Les heures suivantes seront délicieuses. Ce bel inconnu se révèlera doux, attentif et intense à la fois. Sa peau est douce, ses doigts agiles. Il trouve tout de suite tes points sensibles et tu ne peux t’empêcher de crier de plaisir. Ton corps se tend et s’arc-boute sous l’effet des caresses qu’il t’inflige. Tu jouis, si rapidement, si facilement, que tu en perds le souffle. « Ce que t’es belle » il te dit, et il n’imagine pas à quel point ces mots te réparent. Tu te loves contre lui, tu reprends ton souffle, pendant qu’il te caresse encore et que le plaisir repart. Le second orgasme est encore plus intense. Il t’enveloppe, t’envahit, gronde en toi comme un orage, te fait tremper le matelas. Il te laisse épuisée mais comblée.

Tu embrasses l’homme aux doigts magiques, et petit à petit descends le long de son torse en déposant des baisers du bout des lèvres. Tu te fais gourmande, tu as envie de lui rendre tout ce qu’il vient de te donner. Tu te retiens, surtout ne pas aller trop vite, tu prends ton temps, tu joues avec son impatience. Quand enfin tu le prends délicatement entre tes lèvres, sous l’effet de cette douce chaleur, il gémit. Et ce son te fait jouir intellectuellement. De ta langue, tu appuies, presses, caresses, de ta bouche tu aspires et têtes, au rythme de ta main qui va et vient le long de son sexe. Tu joues avec son plaisir, tu ressens sa respiration qui s’accélère, les contractions des muscles de ses cuisses, son souffle qui se fait plus ample. Tu ralentis quand tu sens qu’il est sur le point de venir, puis recommences de plus belle. Et enfin, le surprends infiniment en le léchant jusqu’à la dernière goutte. « c’est la meilleure pipe de ma vie » il te dit, et il n’imagine pas à quel point ces mots te donnent confiance en toi.

Le moment sera parfait jusqu’au bout, jusqu’au câlin l’un contre l’autre à se caresser paresseusement, jusqu’au baiser tendre avant de se lever.

Avant de le quitter tu le remercies pour ce moment merveilleux passé ensemble. Il te dit que non, c’est toi, qui es merveilleuse, et c’est sans aucune fausse note que tu clos cette bulle de plaisir.

Tu te rhabilles et tu te dépêches car il est 18h, et tout comme Cendrillon tu as un couvre-feu à respecter. Sur le chemin du retour, tu rêves et tu te repasses le film de ce qui vient de se passer. Et tu réalises que tu as oublié de lui demander son prénom.

Tu es donc maintenant de celles qui couchent avec un homme dont elles ne connaissent même pas le nom. Et ça te plait.

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